Dossier préparé par Ciril JOANIN, Fèbus ABELHÈR et Domergue SUMIEN.
Ce texte engage ses trois auteurs et pas nécessairement tous les membres de l’ANOC. Il est destiné à la réflexion et la discussion.
1.1. La culture occitane, une réalité plus ancienne que l’occitanisme
Formée à partir de l’héritage culturel romain, la culture occitane n’a pas attendu l’émergence de l’occitanisme pour exister. Le Moyen Âge rime avec l’âge d’or de la langue occitane grâce à l’influence des troubadours, qui ont répandu la poésie et les valeurs occitanes dans toutes les cours d’Europe. La culture occitane fait partie des grandes civilisations d’Europe et a illuminé cette époque. Puis la langue occitane a connu une première renaissance littéraire aux XVIe et XVIIe siècles avec le baroque occitan.
Au XIXe siècle, la littérature occitane a connu une seconde renaissance littéraire (dite « romantique »), initiée par une élite intellectuelle ayant pris conscience de l’originalité culturelle du peuple occitan ; elle a marqué, avec Frédéric Mistral et le Félibrige, l’émergence de l’occitanisme moderne. À son tour, durant le XXe siècle, l’occitanisme a connu lui aussi des périodes d’accélération suivies de périodes de crise. Le grand intellectuel occitaniste Robert Lafont a défini trois « Temps » d’accélération dans son livre Temps Tres [Temps Trois] (1991).
1.2. Les trois temps de l’occitanisme
1.2.1. Le Temps Un
Le Temps Un (1860-1900) a été celui de l’expansion du Félibrige. La seconde renaissance occitane, encore inorganisée au début du XIXe siècle, a fini par se structurer solidement autour du Félibrige, un mouvement littéraire parti de Provence en 1854 et qui a contribué à la dignification partielle de la langue occitane.
L’auteur le plus emblématique de cette période faste, Frédéric Mistral, est devenu le premier — et le seul — écrivain en occitan à recevoir un Prix Nobel de littérature, en 1904.
Mais à l’expansion du Félibrige succédait une longue période de décadence pendant tout le début du XXe siècle, marquée par une dérive passéiste, et le mouvement s’est déconnecté ainsi des mouvements sociaux. Cependant, certains occitanistes ont commencé un gros travail de fond, peu connu, pour moderniser patiemment la culture occitane.
1.2.2. Le Temps Deux
Le Temps Deux (1960-1975 environ) a vu l’expansion de l’occitanisme dit « classique ». À la Libération, puis durant la reconstruction des années 1950, l’occitanisme a subi de profondes mutations qui allaient mener à l’émergence d’une nouvelle garde, rajeunie et portant les valeurs culturelles et humaines acquises dans la Résistance.
C’est ainsi qu’en 1945, des occitanistes résistants ont fondé l’Institut d’Études Occitanes (IEO), qui s’est fixé comme objectif de « déprovincialiser » la culture occitane. Pour la première fois, le contexte politique devenait plus favorable avec l’instauration en 1951 de la loi Deixonne qui reconnaissait officiellement l’existence de « langues » de France.
L’occitanisme classique a fait ainsi coexister la création littéraire, la volonté d’étendre l’usage social de la langue, l’expansion de la norme classique, les premiers essais d’occitan standard, l’explosion de la création littéraire et musicale en occitan et même une politisation intéressante.
Dans cette période, l’occitanisme politique s’est affirmé franchement avec les livres politiques très influents de Robert Lafont e de François Fontan. Les mouvements politiques principaux ont été le Parti Nacionaliste Occitan (PNO), fondé en 1959 par François Fontan, et le Comité Occitan d’Études e d’Action (COEA), fondé en 1962 avec le soutien de Robert Lafont. Cela a été aussi l’époque des premières luttes sociales et écologiques, dont la plus emblématique a été le mouvement contre l’extension d’un camp militaire au Larzac dans les années 1970 avec le slogan « Gardarem lo Larzac » (« Nous garderons le Larzac »). C’est à la suite de ces luttes qu’ont émergé des mouvements de gauche comme Lucha Occitana (Lutte occitane) et Volèm Viure al País (Nous voulons vivre au pays), qui ont remplacé le COEA.
Les deux grands leaders du Temps Deux, Robert Lafont et François Fontan, n'étaient pas toujours d’accord. Mais au moins, tous deux ont fait émerger un occitanisme plein d’espérance et d’audace, avec une revendication politique qui complétait la revendication culturelle.
À partir de la fin des années 1970, l’occitanisme est entré de nouveau dans une terrible crise qui s’est prolongée durant les années 1980. Il n’a pas réussi à concrétiser les espoirs sociaux et politiques et est devenu de plus en plus résigné, passéiste et localiste. Plusieurs militants se sont laissés abuser par les promesses électorales du PS et de François Mitterrand, élu en 1981.
Au même moment, l’IEO, qui avait déjà souffert des divisions entre culturalistes et partisans de l’action politique dans les années 1950 et 1960, a subit un nouveau conflit. Cette fois, il a vu une opposition entre la tendance dite « populiste » au pouvoir, menée par Yves Rouquette, et la tendance dite « universitaire », menée par Robert Lafont.
La persistance des conflits entre occitanistes culturels et politiques a provoqué partout des scissions et a mené certaines associations vers l’inactivité.
1.2.3. Le Temps Trois
Le Temps Trois (1990-2010 environ) a été celui de la redynamisation de l’occitanisme.
Robert Lafont, qui avait déjà été l'un des principaux intellectuels du Temps Deux, a réussi également à être le principal concepteur et initiateur du Temps Trois.
Dans les années 1990 de nouvelles dynamiques sont apparues et ont permis les avancées suivantes:
Des mouvements politiques plus jeunes sont apparus. Ils étaient peut-être instables et contradictoires mais ils ont été dynamiques : Linha Imaginòt, Gardarem la Tèrra, Hartèra, Occitània Libertària, Paratge…
Parmi eux, l’indépendantisme s’est affirmé avec des mouvements comme le Courant Révolutionnaire Occitan (CRÒC) — rebaptisé Libertat —, la Republica Federala Occitana ou Iniciativa per Occitània…
Dans les années 2000, les associations culturelles et politiques ont réussi enfin à s’unir pour mener des actions communes en faveur du développement de la langue occitane. Le Collectif « Anem Òc per la Lenga Occitana! », coordonné par l’IEO, le Félibrige, la FELCO et les Calandretas, a organisé à Carcassonne, Béziers et Toulouse des manifestations qui ont rassemblé de 11 000 à 30 000 personnes.
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